mercredi 5 octobre 2016

Tibet part 3: Qinghai chinois / Amdo tibétain

Rappel: nous sommes parties 3 semaines cet été avec ma copine Barbara pour visiter le Tibet, pas seulement la république autonome mais ce qui fut un jour "le grand Tibet". Pour voir la carte cliquer ici.

Parties de Labrang plus tôt que prévu nous prenons la route pour Tongren (Rongwo en tibétain, dans la vallée du Rebkong) placé sous la juridiction de la préfecture autonome tibétaine de Huangnan dans le Qinghai chinois (autrefois région tibétaine de l'Amdo).

Le temps n'était pas au beau fixe, mais qu'importe, la route revêtait des airs de mystère 
et le paysage se transformait peu à peu pour laisser place aux champs de blé
Barbara nous avait réservé un 2ème AirBnb tibétain dont elle seule a le secret, mais suite à divers quiproquos et une lourde insistance de la part de notre futur hôte nous nous sommes retrouvées parachutées au festival de LaRu, un événement dans la région parait-il.

Les femmes avaient revêtus leurs plus beaux atours, de la robe tibétaine de fête
à la tchuba -ce long manteau dont il est de coutume de laisser le bras droit hors de la manche- des grandes occasions

Elles arboraient quasiment toutes de magnifiques et longues tresses se rejoignant quelques fois en bas, ou agrémentées de fils de couleur
Là vous croyez que le môme vient de se prendre un coup sur la tête et que c'est pour ça qu'il arbore une serviette éponge, et non c'est simplement qu'il ne sait pas la porter...
car vous allez découvrir que le port de la serviette éponge est un art (et si on les écoute c'est soi-disant une tradition ancestrale, et là permettez moi d'en douter...) car elle se porte pour parfaire le costume traditionnel (rien à voir non plus avec le temps de merde de ce jour là...)
Mais regardez-moi cette belle brochette, j'adore cette photo
C'est au son lancinant du tambour (instrument chamanique par excellence) que les choses sérieuses commencent
Les hommes se mettent à danser 

Puis soudain les danses s'arrêtent, le tambour reprend, le chamane commence à être alcoolisé, il court après les gens pour les taper avec un grand bâton ce qui entraîne des mouvements de foule et explique que ma photo soit prise de loin -après quelques frayeurs-
Nous n'assisterons donc pas au moment où le chamane se transperce les joues avec une grande aiguille, ni au moment où il s'ouvre lui-même le dessus du crâne mais ne manquerons pas le "highlight" de la journée, à savoir le moment où il monte sur son promontoire, bourré, en transe et le visage totalement ensanglanté afin d'annoncer dans la plus grande solennité les prédictions de l'année à venir concernant le village.

 A ce moment là le silence total se fait, la foule écoute médusée les prédictions du chamane et même pour nous qui n'y comprenons rien, l'atmosphère est tellement pénétrante que ce moment nous étreint.
Crédit photo: Barbara

On croit le spectacle terminé mais non, il y a un 2ème effet kiss kool. On nous entraîne sur les hauteurs où un 2ème défilé de mode se joue...à gauche l'enfant Cobra, parée d'une coiffe traditionnelle qui a pour but de rappeler le cobra (très important dans le panthéon des déités tibétaines) et à droite la réincarnation de Steve Jobs...
On croise aussi le sosie tibétain de Pharell Williams
Une fois les hauteurs du village gagnées, le femmes se mettent en rang, tenant dans leurs mains des offrandes de yaourt ou d'alcool pour célébrer le retour du chamane
Toujours sous l'effet de la transe, il arrive- sanguinolant- au son du tambour, accepte les offrandes
qu'il s'empresse aussitôt de balancer (c'est la tradition)
Crédit photo: Cham, notre hôte tibétain
tout en exécutant des espèces de pas de danse
A quelques mètres de là, le monastère est lui, en mode pétards et confettis
La foule s'amasse une nouvelle fois pour voir le chamane tourner autour du feu rituel et bénir les couples infertiles
Les plus petits, eux, se hissent sur des boites de pétards pleines au milieu de pétards énormes et encore fumants pour y voir quelque chose (le truc pas dangereux quoi...)
Le festival de LaRu montre que les traditions ancestrales ont la dent dure. Certains moins "traditionnels" résistent plus sobrement en se revendiquant "mangeur de tsampa" (le plat traditionnel tibétain) en opposition au colon chinois.
Après cette journée riche en émotions, nous regagnons de nuit notre AirBnb et nous réveillons à Tongren dans une tour de 18 étages
De l'autre côté la vue est dégagée
et l'appart très agréable
Devant le monastère de Rongwo à Tongren, une vaste place à la chinoise où trône une magnifique statue de Bouddha
Devant laquelle se prosternent de jolies mamies tibétaines
Triste réalité enfin immortalisée: comme devant quasiment chaque monastère du Tibet un car de police veille au grain... le gouvernement chinois veille à ne pas laisser moines et pèlerins prier sans contrôle
Vous noterez la présence de plusieurs caméras de surveillance sur le toit du car de police
A l'entrée du monastère est fièrement accroché un grand cadre en bois indiquant que le monastère est une attraction à touristes...voilà comment est traité le bouddhisme tibétain par les chinois
Le monastère est désert, un moine nous ouvre même la porte de l'une des salles
On trouve à l'entrée les divers numéros de téléphone en cas d'urgence, feu (j'ai envie de dire immolation car il y a déjà eu un cas ici) plainte, ou tout simplement pour appeler la police. Ca met bien dans l'ambiance...
Heureusement ce grand monastère est très beau (évidemment comme dans la plupart des autres monastères certaines pièces ont du être reconstruites après leur destruction durant la révolution culturelle chinoise)
Dans la cour de l'un des bâtiments
Les petites mains du monastère sont occupées à faire reluire les lampes à beurres
Les lampes à beurre ce sont ces lampes que l'on allume à l'aide d'une mèche plantée dans du beurre de dri (femelle du yak) afin de faire une offrande de lumière. 
Ici 2 mamies en train de verser du beurre dans les lampes 
Les lampes à beurre illuminent tous les monastères bouddhistes tibétains
Autre bâtiment, autre cour, celle des débats (vous verrez à quoi ressemble le débat des moines quand je vous posterai l'article sur Lhassa)
Par contre au risque de briser un mythe on retrouve malheureusement une dose de sexisme dans le bouddhisme aussi, ce panneau indique les périodes auxquelles femmes dont pas le droit d'entrer dans l'une des salles
Ce monastère est décidément plein de couleurs !
Même les sacs de sang (prononcer sangue) la poudre de genévrier qui sert à la fumigation sont colorés
Le tout encore agrémenté de crânes d'animaux sauvages version squelette, semi-squelette ou empaillé
A la sortie du monastère, on ne s'en rend pas bien compte en photo mais c'est le plus gros moulin à prière que nous ayons jamais vu, il est immense !
Nous décidons ensuite de faire un tour en ville
Autour du monastère, les commerces tournent essentiellement autour du religieux
et on surprend même un moine en plein shopping d'une sous-jupette pour l'hiver
Ayant encore un peu de temps devant nous on décide de demander à un taxi de nous déposer au grand Bouddha doré que l'on a repéré depuis la route la veille. Il nous y conduit et le site (qui est en fait le monastère de Senggeshong) s'avère encore plus époustouflant que prévu: des moulins à prières éclatants
D'immenses stupa partout
Et le fameux Bouddha doré que nous avions aperçu depuis la route
Le taxi nous dépose jusqu'aux ruines de l'ancienne ville fortifiée
Quelques familles tibétaines y habitent
Chacun a customisé sa porte
Mais ma préférée c'est celle du mec qui prévient d'un éventuel choc électrique !
Un dernier tout dans la ville nouvelle de Tongren pour se rappeler que nous sommes désormais bien en Chine, c'est pas ce magasin de bol chinois qui nous démentira...
Ni cette place et son écran géant qui montre la météo du pays avec en fond sonore un haut parleur qui entonne des musiques bien chinoises (peut-être même des chants cocos qui sait...)
En tout cas, on a vraiment passé 2 chouettes journées dans ce coin de l'Amdo.

5 commentaires:

  1. Quel dépaysement! J'ai adoré ton reportage! Merci Béné! Corinne from Sydney

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    1. Merci Corinne from Sydney, alors la vie est belle Down Under ?

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    2. Oui c'est chouette, je me plais beaucoup ici! Parfois je n'ai plus envie de rentrer en France... Mais quand je viens visiter ton blog de temps en temps, je me dis que quand même la France....!!

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  2. LexX (l'Anonyme Belge)10 octobre 2016 à 08:41

    Géniale cette expérience au Tibet
    (ça y est j'ai rattrapé mon retard sur le blog yes ^^)

    A++

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    1. Ca a du être vite rattrapé car j'ai pas été très productive ces temps-ci, mais je vais reprendre le rythme

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